Addiction au jeu : la justice américaine dédouane les casinos de toute responsabilité

Le système judiciaire fédéral vient de poser un jalon inquiétant pour les défenseurs de la lutte contre l’addiction. Dans une décision rendue début juin, la cour d’appel du New Jersey a confirmé que les opérateurs de jeux d’argent ne sont pas légalement tenus de protéger les joueurs contre leur propre comportement, même en cas de dépendance manifeste. Une décision qui alimente un débat légitime.

MGM visée par un joueur ruiné

C’est Sam A. Antar, résident du New Jersey, qui est à l’origine de cette affaire. Entre mai 2019 et janvier 2020, il aurait placé plus de 100,000 mises en ligne sur les plateformes BetMGM et Borgata Online, pour un total de 25 millions de dollars engloutis. Rien qu’en janvier 2020, il affirme avoir perdu plus de 5$ millions en à peine deux semaines.

En 2022, il engage des poursuites contre MGM Resorts, accusant l’opérateur d’avoir exploité sa vulnérabilité par des bonus incitatifs et des offres ciblées, malgré une dépendance bien connue. Parmi les griefs évoqués : négligence, pratiques déloyales, et enrichissement sans cause.

Une décision qui enterre l’idée de devoir moral

Déjà débouté en première instance, Antar a vu sa plainte confirmée comme irrecevable par la Third Circuit Court of Appeals. Selon les juges, la Casino Control Act du New Jersey prévaut sur la loi sur la protection des consommateurs, et aucune règle n’oblige les casinos à intervenir en cas d’addiction.

La cour rappelle que les juridictions américaines rejettent traditionnellement l’idée qu’un opérateur puisse être tenu responsable des comportements autodestructeurs d’un joueur, sauf manquement explicite à une obligation réglementaire. En clair, tant que les lois sur la publicité et les bonus sont respectées, les casinos sont dans leur bon droit.

Une addiction connue… et entretenue ?

L’arrêt précise qu’Antar savait pertinemment que les messages personnalisés qu’il recevait – crédits offerts, dépôts doublés, avantages VIP – visaient à stimuler ses sessions de jeu. Ce constat suffit, selon la cour, à écarter toute accusation de manipulation ou de conduite trompeuse.

La médiatisation de l’affaire s’explique aussi par les antécédents familiaux de Sam Antar. Son oncle, Eddie “Crazy Eddie” Antar, avait bâti un empire de la vente électronique avant de tomber pour fraude comptable massive dans les années 1980. Il avait été condamné à huit ans de prison pour ses agissements.

Une jurisprudence qui fait débat

Alors que de nombreux pays renforcent les obligations de vigilance des opérateurs, notamment en Europe, les États-Unis continuent de faire primer la liberté individuelle. Pour l’instant, la ligne reste claire : les joueurs sont seuls responsables de leurs actes, même s’ils sont en situation de dépendance aux jeux. Une position qui risque de relancer les appels à une régulation plus stricte dans l’univers du jeu en ligne, comme c’est le cas dans certains pays comme la Belgique.

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