La frontière entre le jeu numérique et le jeu physique n’a jamais été aussi fine. Face à la nécessité de proposer des contenus capables de circuler entre ces deux univers, un acteur majeur de l’iGaming décide aujourd’hui de changer d’échelle. Play’n GO, connu comme l’un des fournisseurs de machines à sous en ligne les plus populaires du marché, fait désormais son entrée dans les casinos terrestres britanniques grâce à un partenariat avec Genting Casinos. Une initiative qui illustre la convergence croissante de toute la chaîne de divertissement. Son CEO et cofondateur, Johan Törnqvist, détaille cette transition.
De l’écran au casino : une stratégie de continuité
Pour Play’n GO, l’arrivée dans les casinos physiques n’est pas un changement de cap, mais l’extension logique d’un travail mené depuis près de vingt ans. Et l’arrivée des machines à sous Play’n GO est une excellente nouvelle pour les joueurs live ! Törnqvist rappelle que le studio s’est toujours envisagé comme un créateur de divertissement, l’environnement numérique n’ayant été qu’un support privilégié. Cette vision s’est progressivement élargie, avec une présence de plus en plus marquée en dehors des écrans : produits dérivés, bandes-son, mise en avant des personnages emblématiques… L’entrée en casino apparaît ainsi comme une étape supplémentaire dans la valorisation de son portefeuille d’IP.
Le partenariat avec Genting Casinos matérialise cette évolution. Ensemble, les deux entreprises ont conçu le cabinet BOOM Slots, une machine dédiée aux établissements du groupe. Plus de 30 casinos, dont l’emblématique Genting Stratford à Londres, déploieront les titres phares du studio. Les premiers tests techniques réalisés au Resorts World Birmingham ont déjà confirmé la pertinence de l’approche, avec des performances solides sur plusieurs mois.
Le choix du Royaume-Uni n’est pas anodin. Le marché en ligne, central pour Play’n GO, connaît depuis longtemps le succès de licences comme Book of Dead ou Reactoonz. Son cadre réglementaire stable constitue un terrain idéal pour mesurer l’efficacité d’un transfert de contenus numériques vers l’environnement terrestre.
Tester les mécaniques digitales sur un public terrestre
La première vague de jeux, qui inclut Book of Dead, Reactoonz, Honey Rush 100, Piggy Blitz ou encore Legion Gold, constitue une expérimentation à grande échelle. L’objectif est clair : observer comment les joueurs de casinos, habitués à des machines plus traditionnelles et moins volatiles, réagiront à des mécanismes modernes fortement inspirés du jeu en ligne.
Törnqvist estime que les idées reçues sur le public terrestre sont dépassées. Une nouvelle génération, davantage familiarisée avec les mécaniques digitales, fréquente désormais les casinos. Ces joueurs recherchent des expériences rapides, connectées, et une forme de continuité entre ce qu’ils consomment sur mobile et ce qu’ils retrouvent dans les casinos physiques. L’arrivée des titres Play’n GO devient alors un véritable outil d’attraction pour les casinos, qui peuvent toucher un public jeune déjà sensible aux grandes licences.
D’un point de vue opérationnel, la transition nécessite un haut niveau d’exigence. Les systèmes de conformité, de sécurité et de détection de comportements à risque ont été adaptés pour répondre aux normes propres au marché terrestre britannique. Cette intégration technique montre que la convergence numérique/physique n’est pas qu’une affaire de contenus, mais aussi d’infrastructures.
Vers un modèle convergent et mondial
Le partenariat avec Genting n’est qu’une première étape. Play’n GO prévoit d’intégrer pleinement le « land-based gaming » à sa stratégie dans les trois prochaines années, avec l’ambition d’équiper des milliers de machines à travers le monde. Cette orientation reflète un mouvement global dans l’industrie : les fournisseurs doivent désormais créer des jeux capables de fonctionner sur plusieurs supports sans distinction, qu’ils soient physiques ou numériques.
Mais cette convergence a un coût. La fabrication de cabinets dédiés, les réglementations propres à chaque marché et les exigences de suivi technique représentent un investissement conséquent. Grâce à sa taille et à son poids sur le marché, Play’n GO peut absorber ces dépenses, ce qui renforcera sans doute la barrière à l’entrée pour les studios de taille plus modeste.
Le lancement de Book of Dead en casino terrestre marque ainsi un tournant : la preuve que certaines licences nées dans l’univers digital peuvent franchir ce qui était autrefois une frontière étanche. Reste à savoir combien de studios seront capables de suivre le mouvement — et si cette tendance inaugurera une nouvelle forme de séparation entre les créateurs de contenus traditionnels et ceux capables de naviguer sur tous les terrains.
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