Japon : le Parlement serre la vis sur les casinos en ligne et leurs publicités

Le coup de frein était attendu, il est désormais enclenché. Mardi, la Chambre des représentants japonaise a adopté un projet de loi visant à interdire l’exploitation et la promotion de casinos en ligne sur l’ensemble du territoire. Le texte, soutenu conjointement par le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir et la principale force d’opposition, le Parti démocrate constitutionnel (PDC), modifie la législation de 2018 sur la prévention de l’addiction aux jeux d’argent. Il doit encore passer devant la Chambre des conseillers, mais, sauf surprise, son entrée en vigueur devrait intervenir avant la clôture de la session parlementaire, le 22 juin.

Le Japon : un marché gris estimé à 1,24 billion de yens

Cette offensive législative répond à une montée en flèche du jeu illégal sur Internet : selon une enquête de la police nationale, 3,37 millions de Japonais auraient misé sur des plateformes étrangères en 2024, pour un volume annuel approchant 1,240 milliards de yens (8,7 milliards de dollars). Officiellement, seules la loterie, les courses hippiques ou nautiques et les courses de motocycles sont autorisées ; miser sur un casino en ligne depuis le Japon expose déjà à une amende pouvant atteindre 500,000 yens, voire trois ans de prison en cas de récidive.

Il est à noter que l’ampleur du phénomène est devenue difficile à ignorer après l’arrestation, le 13 mai dernier, d’un homme de 38 ans accusé d’avoir parié pour 29 milliards de yens (194 millions de dollars) via un site basé à l’étranger ; un record national !

Publicité ciblée et célébrités prises la main dans le sac

Au-delà des joueurs ordinaires, c’est la visibilité médiatique des paris en ligne qui a alarmé les élus. Ces derniers mois, plusieurs athlètes et influenceurs ont admis, parfois en direct sur YouTube, s’être aventurés sur des casinos virtuels. Une facilité d’accès accentuée par le smartphone : « En deux clics, n’importe qui peut déposer via carte prépayée et parier en yen ou en cryptomonnaie », résume Akira Tanaka, chercheur à l’Université de Nihon.

Le texte fraîchement adopté criminalise toute promotion : sites de revue, codes affiliés sur X, ou vidéos sponsorisées devront disparaître sous peine de poursuites. Les réseaux sociaux verront leur responsabilité engagée : ils devront supprimer « promptement » tout contenu incitant à jouer, sous peine de sanctions administratives.

Un consensus politique véritablement inédit au Japon

Déposé mi-mai par un groupe de travail multipartite, le projet a fédéré huit formations, un rare consensus dans un hémicycle souvent polarisé. Les défenseurs du texte mettent en avant l’explosion des appels à l’aide : l’association Society Concerned about Gambling Addiction est passée de huit demandes de conseil en 2019 à… quatre-vingt onze en 2024 !

Pour les casinos terrestres japonais –, dont les premiers resorts intégrés sont attendus à Osaka en 2030 –, la nouvelle représente aussi une protection contre une concurrence offshore jugée déloyale. « Interdire n’est qu’une étape, il faudra surveiller l’application des mesures et coopérer avec les juridictions étrangères pour bloquer les paiements », prévient la députée Junko Kunimoto (PDC).

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